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Top 5 : les perles underground de 2017

By 03/01/2018No Comments

En matière de rap underground, 2017 pourrait être résumé par : « la garde meurt mais ne se rend pas ». En dépit de la déferlante trap et de l’épidémie de vocoder, toute une brochette de très bons albums Hip-Hop sont venus bichonner nos tympans cette année. Le hic, on le sait, c’est qu’ils n’ont pas tous fait les gros titres de l’abcdrduson ou de XXL Mag. Comme de coutume donc, votre humble serviteur se propose de vous présenter cinq sorties 2017 de haute qualité, que vous auriez pu rater et qu’il ne fallait justement pas rater.

 

Anti-Lilly & Phoniks – It’s Nice Outside

C’est incontestablement mon gros coup de cœur de cette année : Anti-Lilly, maigrichon de 21 ans venu tout droit de Houston (Texas), s’est associé au talentueux Phoniks pour un album tout en jazzy vibes. On connaissait déjà le beatmaker pour ses bonnes collaborations avec Raashan Ahmad ou Awon, il revient avec des instrus encore plus léchées, tel le morceau Sunshine. Anti-Lilly, de son côté, nous emmène chiller dehors avec lui (sur It’s Nice Outside) ou s’adonne à quelques introspections sur fond de cuivres mélancoliques (Nobody’s Perfect). Le résultat est un 17 titres envoutant, qui se savoure comme une bonne vieille plaque de John Coltrane.

 

L’Orange – The Ordinary Man

On pourrait produire un Top 5 uniquement dédié aux beatmakers qui ont brillé en 2017, mais il faut savoir rester concis. On se limitera donc à souligner l’impressionnant job accompli par L’Orange, qui signe cette année son sixième album perso.  Après un très bon skeud sorti en 2016 avec Mr. Lif, le petit génie signé chez Mello Music poursuit avec sa recette gagnante : samples jazzy et swing, extraits de vieux films noirs, sans oublier quelques collaborations de MC’s exceptionnels (Oddisee, Del…). Mention spéciale aux morceaux The Difference (avec Elzhi et Blu) et Suspension, où L’Orange confirme qu’il tient fermement le flambeau passé par Wax Tailor et consorts.

 

Rapsody – Laila’s Wisdom

Qui mieux que Rapsody pourrait incarner la contribution, toujours sous-évaluée, des dames du Hip-Hop ?  Disciple du très grand 9th Wonder, seul featuring de Kendrick Lamar sur To Pimp a Butterfly, Rapsody est, depuis son album The Idea of Beautiful (2012), l’une des femcee’s les plus respectées du milieu. Laila’s Wisdom franchit assurément un palier supplémentaire : le son Power, à lui seul, pulvériserait déjà un mur de brique, pendant que You Should Know ferait taire jusqu’au dernier des haters. Rapsody se montre ainsi tout simplement meilleure, plus badass et plus humble que beaucoup de ses homologues mâles. This is Hip-Hop.

 

K. Sparks – Urban Couture

Il m’a fallu attendre 2017 pour le découvrir, bien qu’il ne soit pas né de la dernière pluie : K. Sparks, natif du Queens, opère sous les radars depuis 2005 au moins. Et ma foi, force est de constater que son dernier opus, Urban Couture, est un gage de maturité. Les instrus de Es-K fleurent bon la soul-jazz, sur quoi viennent s’ajouter plusieurs musicien(ne)s et vocalistes, délivrant une ambiance sonore de haute intensité (Strip 4 Me). Au microphone, sans fard et sans paillettes, K. Sparks se raconte et raconte sa communauté. Personne n’en réchappe indemne, pas même la clique de Donald Trump (Make America Fake Again).

 

The Doppelgangaz – Dopp Hopp

On les pensait partis (depuis Parts Unknown) pour un aller sans retour vers le rap de club. Les deux sosies de Groggy Pack nous sont néanmoins revenus cette année avec un album très solide. On trouve sur Dopp Hopp un subtil cocktail du Doppelgangaz de la première heure (If It Wasn’t for the Cloak), de boom bap casseur de nuque (Olympics), de nouvelle vague fraiche (Boston Beard)… et tout de même quelques sons très clubs (Strong Ankles, Rollin’). Si l’album est encore loin d’égaler le monumental Lone Sharks (2011), il marque néanmoins un retour des campagnards new yorkais vers la vibe qui nous a fait les aimer au départ.

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